Le weekend dernier, c'était l'occasion de profiter de votre ville, Toulouse et de son magnifique patrimoine culturel avec les Journées Européennes du Patrimoine.
J'ai (Ellossan) d'ailleurs participé activement à cet événement avec Jérémy et Juliette, en animant des visites à travers la Toulouse Baroque. Pour l'occasion, je vous propose de faire un petit arrêt sur un bijou de l'art baroque que vous voyez très souvent mais dont vous ignorez peut-être l'origine : Le Portail des Pénitents Noirs.
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Tout d'abord, deux trois mots sur le musée le plus célèbre de la ville rose ! Auparavant, s'y trouvait un couvent, fondé entre 1310 et 1341, pour les religieux de l'ordre
des Ermites de saint Augustin, sous l'autorisation du Pape Clément V. Le
couvent devient bien national en 1790, suite à la suppression des ordres
monastiques, pour devenir le musée que l'on connait. Le musée des Augustins, musée des Beaux arts de la
ville de Toulouse, fut créé fin 1793, à la demande du Premier Consul, Napoléon
Bonaparte, en vue d'instituer quinze musées dans les grandes villes
françaises. Le Louvre ne pouvant recevoir toutes les œuvres, il
faut trouver des espaces de stockages à travers tout le pays. Le musée, qui est
d'ailleurs le deuxième en France, après le Louvre, fut conçut dans un esprit pratique. Il ne faut cependant pas oublier que les collections toulousaines étaient déjà riches. La création de ce musée a permis aussi de protéger les œuvres des saisies révolutionnaires.
Aujourd'hui c'est sur le portail que nous allons nous
attarder, mais faisons un arrêt sur les Pénitents noirs, a qui
appartenait ce portail. La confrérie des Pénitents s'installe à Toulouse vers
la fin du XVIe siècle. Ils se divisent en plusieurs organisations : les Pénitents
Bleus, appartiennent à la noblesse; les Pénitents Blancs à l'artisanat; les
Pénitents Noirs, proviennent des corporations de marchands. En 1576, ces derniers
s'installent dans le couvent des Augustines (quartier Saint Georges), qui avaient rejoint la Réforme et
laissé le monastère disponible, au n°3 de la rue Saint Jérôme. Les Pénitents
Noirs, reconstruisent une chapelle en 1645 (démolie en 1970 en même temps
qu'une partie du quartier Saint Georges) dont il ne subsiste aujourd'hui que ce
portail.
Au dessus de la porte il est possible de
lire une inscription gravée sur un cartouche en marbre noir :
"Noire mais belle, douloureuse mais rayonnante. À Dieu très
grand et très bon, Qu'en cette chapelle de la Croix, la paix fut l'oeuvre de la Croix. Sous le règne de Louis, l'armée pacificatrice érigea
cette auguste façade. pour les Pénitents qui l'habitent, l'apparence est le
deuil, mais c'est la Croix qui consolide les vraies joies et ici, se dressera
pour l'immortalité, le temple dont la richesse est la Charité, dont toute
gloire est la Croix."
Petite anecdote : Après la construction de la chapelle, les
pénitents commandèrent un programme pictural peint sur le thème de l'exaltation de la Sainte Croix. Ils firent
appel à de grands peintres de l'époque, Hilaire Pader, François Fayet, Nicolas Tournier et Aubin Vouet. Exaltation de
la Sainte Croix que l'on fêtait le 14 septembre pour commémorer la découverte
par Sainte Hélène, mère de l'Empereur Constantin, de la Croix à Jérusalem et la
dédicace des basiliques constantiniennes de Jérusalem, le 14 septembre 335.
Plus tard, l'Église ajouta l'anniversaire de la restitution de la relique de la
Croix enlevée par les Perses et rapportée par l'empereur Héraclius en 629.
C'est donc une liturgie triomphante, que l'Église célèbre au travers de la Croix,
le "trophée" de la Rédemption. De ce programme iconographique, il ne
reste aujourd'hui que sept toiles. Quatre sont aux Augustins et trois à la
cathédrale Saint Étienne et célèbrent le sacrifice du Christ et sa
résurrection. Vous pouvez d'ailleurs admirer une très belle oeuvre caravagesque de Nicolas Tournier : Le Christ porté au tombeau. Les deux autres œuvres qui l'accompagnaient disparurent, mais l'une d'elles, Le Portement de Croix, fut retrouvée grâce à l'actuel conservateur du musée,
Monsieur Axel Hemery, à Londres en 2010.

Dans la continuité de l'élévation, vous remarquez encore un
fronton et un vase avec anse, contenant un bouquet de fleurs. Vous remarquez
au passage, au centre de ce fronton, un médaillon encadré par des volutes, sur lequel sont
représentés trois clous, qui font référence à la crucifixion du Christ. Deux
clous pour les mains et un pour les pieds, qui donne encore plus de force à
cette image de la Sainte Croix.
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La Sainte Croix et au-dessus, les clous de la crucifixion. |
Comme vous l'avez compris, la composition possède de nombreux symboles, donnant un aspect majestueux à ce portail. Par exemple, au niveau du cartouche en marbre, où figure l'inscription, se trouve une frise incomplète. Trois symboles ont été identifiés. A gauche, les roseaux de la flagellation, à droite l'échelle qui a permis de descendre le Christ de la Croix. Enfin au centre, un coq, symbolisant le jour nouveau, le Christ qui se lève à l'Orient et donc la Résurrection. Ces symboles tournent donc autour de la Passion, mais aussi des valeurs des Pénitents Noirs. Il faut savoir que le coq est aussi le symbole de la vigilance, vertu nécessaire pour les corporations de marchands, tel que les Pénitents Noirs.
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